Manas trace le portrait d’une jeune fille de treize ans, Marcielle dite « Tielle », qui vit au cœur de l’Amazonie brésilienne, dans une région très pauvre, au plus près de la nature et de l’eau. Autour de la jeune fille, sa petite sœur Carole, son grand frère Danilio, son petit frère Marcéu, sa mère très jeune et de nouveau enceinte, son père. La sœur aînée (chanceuse ?) est partie avec un homme, il y a quelque temps déjà et ne donne plus de nouvelles. Tielle rêve à son tour d’émancipation.
La nature, luxuriante, est filmée comme un paradis, bien que la vie de Tielle et des siens soit assez rude. L’ordinaire est simple et beau. Le père et le fils aîné chassent, la mère cueille des baies rouges avec les autres enfants. Elles seront agrémentées de farine pour assurer le repas quotidien, le surplus étant vendu aux quelques touristes de passage.
La famille s’entasse dans une cabane aux allures de pagode touristique. Tous dorment dans la même chambre, le père dans un lit et les autres dans des hamacs suspendus au-dessus. Tielle et sa sœur vont à l’école, la plus grande tente de fabriquer un cahier pour Carole qui n’a pas de quoi prendre en note ses leçons.
Des barges sillonnent la rivière mais le père interdit à Tielle de s’en approcher…
Un soir, une des cordes du hamac de Tielle se rompt, elle dormira dans le grand lit avec son père. Le lendemain, c’est elle qui part à la chasse, dans le minuscule bateau à la place de Danilio…
L’indicible ne sera jamais montré, tout est filmé avec respect, éthique et discernement. Toute la tension de ce film aux images magnifiques est concentrée dans les regards. Celui de Tielle qui change et se ferme, celui terrifié de sa mère, celui autoritaire et possessif de son père.

Sources : senscritique.fr / Télérama N°3924 / Revue Utopia avril 2025.