Roman, un jeune homme de la ville, est de retour dans la campagne roumaine où enfant il passait ses vacances. S’il remet les pieds sur ces terres arides qui bordent la frontière bulgare, le long du Danube, c’est qu’à la mort de son père, il vient d’hériter du domaine familial composé de bâtiments imposants et d’un immense terrain.

Les lieux semblent paisibles puisqu’il n’est pas nécessaire de fermer les portes pour se protéger des intrus et comme le dit un employé : « seule la chaleur pénètre dans les pièces… ». Pourtant, il se rend compte petit à petit qu’il n’est peut-être pas le bienvenu, une tension latente s’installe, des chiens errants n’en finissent pas d’aboyer…

De fait, si tout est calme et paisible durant la journée, la nuit est beaucoup plus inquiétante, des phares de voitures inconnues trouent l’obscurité au-delà de la haute palissade doublée de fil de fer barbelé qui entoure la maison.

Roman a beau avoir passé du temps auprès de son grand-père, il est et reste un citadin pour qui posséder des centaines d’hectares est inutile si on ne les cultive pas. Il veut se débarrasser au plus vite de cet encombrant domaine où il ne se sent plusensécurité.Ildéfend sesdroitset,parsesdémarches, introduitla modernité dans un monde archaïque où les paysans se soumettent traditionnellement à la loi du plus fort.

L’œil de la caméra lui aussi cherche à percer les appa- rences, les lents travellings sont autant de coups de sonde pour faire émerger l’invisible. Servi par une superbe photographie, ce premier film de Bogdan Mirică aux faux airs de western décrit un pays gangréné par la corruption et les petits arrangements, une addition de territoires où, face à l’incapacité de l’Etat, d’autres pouvoirs ont pris le dessus.

Mais le temps est venu d’arrêter les chiens qui ont été lâchés. Simple question de justice, simple question de survie…

Sources : Positif, Culturbox, Les Inrockuptibles septembre 2016