A Milan en 2009, un fait divers, tristement célèbre, a bouleversé les téléspectateurs italiens : l’enlèvement par la ‘Ndrangheta, la mafia calabraise, filmé par des caméras de surveillance, de Lea Garofalo, sœur et épouse de mafieux. Lea tente de s’échapper des griffes de la ‘Ndrangheta afin de protéger sa fille Denise. Elle fuit son mari, se rend à la police qui la place sous le régime de protection des témoins. Elle change de nom, s’éloigne de la Calabre pour vivre à Milan.

Ce film n’est pas seulement la bataille d’une jeune femme seule contre la mafia, c’est aussi un drame familial, car au cours du procès relatif à la « disparition » de Lea, la jeune Denise a le courage d’affronter son père et ses complices en les accusant de l’assassinat de sa mère.

Les sociétés mafieuses, sortes d’administrations parallèles en Italie, se différencient par leurs noms : la Cosa Nostra, la mafia sicilienne; La Camorra, la mafia napolitaine et la ‘Ndrangheta, la mafia calabraise, la plus violente. Elles se distinguent aussi par leur fonctionnement. Cosa Nostra et la Camorra reposent sur une organisation proche de celle d’une entreprise avec des associés. La ‘Ndrangheta a gardé la famille comme noyau, avec des fils, des frères, des neveux, des cousins. S’il faut faire des alliances, cela passe par le mariage. Elle reste une organisation criminelle des plus impénétrables. Son credo, c’est l’omerta : « non vede, non sente, non parla ».

La peur transforme toute personne honnête en complice involontaire de la mafia.

Marco Tullio Giordana, metteur en scène italien, réalise avec Lea son treizième film. Il a la volonté de faire un cinéma politique engagé et inspiré de faits réels. Il l’a démontré notamment en 2000 avec Les cent pas, dénonçant le pouvoir mafieux en Sicile, en 2003 avec Nos meilleures années, fresque familiale sur fond de Brigades Rouges et Piazza Fontana en 2008, l’histoire controversée de l’attentat de Milan.

Sources : Le Nouvel Obs juillet 2016, La Stampa avril 2011, dossier de presse.