Corps et âme
jeudi 30 novembre 2017
19:00 et 21:10
Résumé : Mária, nouvelle responsable du contrôle de qualité et Endre, directeur financier de la même entreprise, vivent chaque nuit un rêve partagé, sous la forme d'un cerf et d'une biche qui lient connaissance dans un paysage enneigé. Lorsqu'ils découvrent ce fait extraordinaire, ils tentent de trouver dans la vie réelle le même amour que celui qui les unit la nuit sous une autre apparence...
Pays : Hongrie
Année : 2017
Durée : 1h56
Version : VOST
Titre original : Teströl és lélekröl
Date de sortie en France : 25 octobre 2017
Réalisateur : Ildiko Enyedi
Scénario : Ildiko Enyedi
Avec : Géza Morcsányi, Alexandra Borbély, Zoltán Schneider...
Fiche
bobine
Que se passerait-il si on rencontrait quelqu’un qui fait exactement le même rêve que soi ? Serait-on ravi ? Terrorisé ? Ou bien y verrait-on une atteinte à sa vie privée ? Et une fois le choc passé, comment réagirait-on face à une telle révélation ? S’épancherait-on auprès de cette nouvelle personne ?
Ces questions sont le point de départ de Corps et âme, le nouveau long métrage de Ildikó Enyedi que l’on avait perdue de vue depuis la caméra d’or obtenue à Cannes en… 1990 avec Mon XXe siècle.
Corps et âme est une comédie mélancolique dont il ne faut rien dire pour lui conserver toute sa saveur et son originalité. Il suffit de savoir qu’il s’agit d’une histoire d’amour entre deux introvertis idéalistes et blessés par la vie, que la majeure partie du film se passe dans un abattoir (qui n’est pourtant pas un lieu romantique), qu’on y voit souvent un cerf et une biche dans une forêt enneigée, que les rêves y tiennent une grande importance. On peut ajouter aussi que le monde du travail avec ses dysfonctionnements et ses compromissions est montré avec pertinence et que l’on est invité également à réfléchir à la façon dont sont traités les animaux destinés à nous nourrir. Cette énumération peut paraître anachronique, voire fastidieuse. Il n’en est rien tant la mise en scène inventive et fluide et le scénario remarquablement écrit nous font côtoyer la plus grande félicité.
Car Corps et âme est un petit bijou tout à la fois poétique, surprenant, allégorique, magique, burlesque et surtout profondément original. Guettez les regards, les mouvements, les bruits (le travail sur le son est extraordinaire), les mains qui osent petit à petit toucher et sentir. On pense à l’univers de Kaurismäki. Mais la réalisatrice s’en distancie aisément en convoquant la sensualité, l’éveil du désir, le lent cheminement vers la sérénité et la volonté de faire coïncider le réel avec le monde des rêves dont on peut penser qu’il s’agit du but de toute existence.
Oui, Ildikó Enyedi est bien de retour. Elle signe un hymne à l’amour et au rapprochement des âmes. Une petite merveille que l’on a bien du mal à quitter. Envoûtant.