ASSOCIATION CHALONNAISE POUR LE CINEMA

Paradis

jeudi 18 janvier 2018

18:30 et 21:00

Résumé : Olga est une aristocrate russe qui a émigré en France. Quand la guerre éclate, elle rejoint la Résistance. Jules, bon père de famille français, est fonctionnaire de police. Lui choisit de collaborer avec le régime nazi. Helmut, fils de la noblesse allemande, exalté par l’idéal d’une société de « surhommes », devient officier SS dans un camp de concentration. Trois destins croisés, trois âmes qui devront répondre de leurs actes devant Dieu pour entrer ou non dans son Paradis...

Pays : Russie

Année : 2017

Durée : 2h10

Titre original : Ray

Date de sortie en France : 15 novembre 2017

Réalisateur : Andrey Konchalovskiy

Scénario : Andrey Konchalovskiy et Elena Kiseleva

Avec : Peter Kurth, Yuliya Vysotskaya, Philippe Duquesne

Prix / distinctions : Lion d'argent de la mise en scène, Venise 2016.


Fiche
bobine

Trois ans après Les nuits blanches du facteur, un long métrage nostalgique et plein de douceur, Andreï Konchalovsky nous revient avec un film d’une tonalité bien différente. Le scénario est relativement simple : au paradis, trois personnes, en trois langues différentes et face à la caméra, témoignent de leur expérience du nazisme.

Ainsi, la parole est donnée alternativement à Olga, comtesse russe, émigrée en France qui a fait de la résistance, à Jules, un policier français rondouillard qui a collaboré avec l’occupant, à Helmut, aristocrate allemand, officier SS chargé d’inspecter les camps de concentration. A un moment de leur existence, ils se sont croisés et chacun, aux portes du paradis, décrit l’enfer sur terre.

Avec une grande sobriété, le cinéaste russe nous délivre sa vision du mal et nous montre les camps de concentration comme on nous les a rarement montrés. Sans aucune indécence, sans manichéisme, sans accentuer le trait sur la souffrance des uns et des autres, Konchalovsky aborde le thème si délicat de la banalité du mal, si chère à Hannah Arendt, mais aussi en corollaire, celui de la difficulté à faire le bien.

Pour appuyer son propos, le réalisateur, désormais octogénaire, déjoue les règles esthétiques. Ainsi, l’image, en noir et blanc, est particulièrement travaillée. Ce procédé permet de recréer une ambiance propre aux documentaires. Le spectateur a alors l’impression de visionner des images d’archives… ce qui accentue incontestablement le côté néo-réaliste du film et on pense notamment aux grands films de Rosellini dans les années 50.

Dans le même registre, le recours périodique aux confessions des personnages apporte une distanciation bienvenue par rapport à l’horreur des atrocités nazies. L’émotion est ainsi tenue à l’écart.

« Peindre le vingtième siècle comme une période des grandes illusions enterrées sous les ruines, montrer les dangers d’une rhétorique de haine, s’interroger sur les raisons, parfois contradictoires, que chacun a de commettre le mal ».

Telle est l’ambition de Paradis qui dégage une puissance incontestable. C’est efficace, c’est original, c’est glaçant et… passionnant.

Sources : Dossier de presse, Le masque et la plume (émission du 12/11/2017)

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