De nos jours à Alger, un promoteur immobilier rend une visite nostalgique à son ex-épouse. En rentrant chez lui de nuit, il assiste à un passage à tabac, mais n’intervient pas. Le lendemain son jeune chauffeur accepte de conduire un voisin dans les Aurès pour le mariage de sa fille. Cette dernière croise un médecin qui se voit accusé par une rumeur, de complicité dans une affaire criminelle.

A tire-d’aile, la caméra bifurque et suit un personnage croisé en route, qui devient le héros d’une nouvelle histoire. Le début du film a quelque chose de déroutant car l’on se demande où le réalisateur veut nous emmener, mais les différentes histoires forcent l’admiration et l’ensemble tient de la révélation.

Parce qu’il voulait moins raconter une histoire que décrire une atmosphère, un état d’esprit, un air du temps, le réalisateur a choisi d’enchaîner trois récits, attachant notre regard à trois destins à peine saisis que bientôt ils nous échappent. Le mouvement des hirondelles dont parle le titre dessine ces cercles d’approches et d’éloignements que la mise en scène retrouve, tout à la fois concentrée sur l’instabilité de quelques individus et offerte aux grandes perturbations du paysage, de la lumière et de la musique.

Karim Moussaoui nous livre les clefs pour comprendre l’Algérie moderne, bien épaulé par ses comédiens, en particulier lors du second récit avec le jeune couple éphémère formé à l’écran par Mehdi Ramdani et Hania Hamar, tous deux exceptionnels.

Entre désir de liberté et poids des traditions, le film de Karim Moussaoui prend le prétexte de trois récits pour disséquer de façon précise et inspirée les tensions qui perdurent dans la société algérienne.

Une première œuvre d’une rare maîtrise.

Sources : dossier de presse, Canard enchaîné, Libération le 23 novembre 2017