Razzia
jeudi 10 mai 2018
19:00 et 21:10
Résumé : A Casablanca entre le passé et le présent, cinq destinées sont liées sans le savoir. Différents visages, différentes trajectoires, différentes luttes mais toujours la même quête de liberté. Après Much Loved, Nabil Ayouch raconte la révolte qui monte inexorablement au Maroc et dresse une radiographie sans concession d’une société au bord de l’implosion. Un film lumineux, sensible et bouleversant.
Pays : Maroc
Année : 2018
Durée : 1h59
Version : VOST
Date de sortie en France : 7 mars 2018
Réalisateur : Nabil Ayouch
Scénario : Nabil Ayouch, Maryam Touzani
Avec : Maryam Touzani, Arieh Worthalter, Abdelilah Rachid...
Fiche
bobine
Depuis Mektoub (1997), son premier long métrage, Nabil Ayouch n’a cessé de confronter son œuvre à la situation socio-politique marocaine. Dérive autoritaire, inégalités sociales, terrorisme, misère, prostitution, autant de sujets qui fâchent et qui rendent difficile la sortie de ses films au Maroc quand sa propre personne n’est pas ouvertement menacée.
Razzia ne fait pas exception à la règle car le cinéaste montre le rétrécissement considérable des libertés et des consciences depuis 1980 en mettant en scène un film choral qui dresse le portrait de cinq personnages isolés illustrant, à des titres divers, l’ostracisation à l’œuvre dans la société marocaine.
Ce lacis de déchirures individuelles, additionnées les unes aux autres, forment une majorité silencieuse, celle-là même à qui le réalisateur tient à donner la parole dans l’espoir de faire progres- ser la modernité dans un pays tiraillé entre traditions et tentative d’ouverture à la culture occidentale.
Contrairement à Much Loved, son précédent opus, la parole est ici moins crue, plus sobre et plus retenue. Un fil ténu relie les personnages qui semblent prisonniers d’eux-mêmes face à un choix cornélien énoncé dès les premières images du film : « Partir et vivre libre, rester et se battre… mais se battre contre quoi ? ». Nabil Ayouch s’interroge : Qu’est-ce que le Maroc ? Quelle est son identité ? Est-elle factice comme le cultissime Casablanca avec Humphrey Bogart et Ingrid Bergman qui n’a en fait jamais été tourné au Maroc ?
S’appuyant sur une lumière splendide qui nous abreuve à jet continu de paysages sublimes, une réalisation sans temps mort et une interprétation impeccable, le réalisateur sait faire naître subtilement l’émotion à coup de sentiments à peine suggérés et de regards détournés.
Poussé par l’amour qu’il porte à son pays et sûr de la capacité du peuple à construire un nouveau modèle de société, il signe une mise en garde universelle et puissante contre l’intolérance progressive qui gagne non seulement le Maroc mais le monde entier.
Sources : Le Monde 14 mars 2018, avoir-alire.com, lebleudumiroir.fr