ASSOCIATION CHALONNAISE POUR LE CINEMA

Trois visages

jeudi 13 septembre 2018

19:00 et 21:10

Résumé : Une célèbre actrice iranienne reçoit la troublante vidéo d’une jeune fille implorant son aide pour échapper à sa famille conservatrice... Elle demande alors à son ami, le réalisateur Jafar Panahi, de l’aider à comprendre s’il s’agit d’une manipulation. Ensemble, ils prennent la route en direction du village de la jeune fille, dans les montagnes reculées du Nord-Ouest où les traditions ancestrales continuent de dicter la vie locale.

Pays : Iran

Année : 2018

Durée : 1h40

Version : VOST

Titre original : Se rokh

Date de sortie en France : 6 juin 2018

Réalisateur : Jafar Panahi

Scénario : Jafar Panahi, Nader Saeivar

Image : Amin Jafari

Avec : Behnaz Jafari, Jafar Panahi, Marziyeh Rezaei...

Prix / distinctions : Prix du scénario, Festival de cannes 2018


Fiche
bobine

Depuis 2010, sous le coup de poursuites pour  » activités contre la sécurité nationale et propagande contre le régime « , Jafar Panahi n’a plus le droit d’exercer son métier de cinéaste, de parler à la presse et de sortir d’Iran. Mais aucune de ces mesures de rétorsion ne l’a empêché de tourner clandestinement quatre longs métrages : Ceci n’est pas un film (2011), Pardé (2013), Taxi Téhéran (2015) et Trois visages en 2018.
Au début du film, l’actrice Behnaz Jafari, dans son propre rôle, reçoit une vidéo effroyable : une jeune admiratrice s’épanche sur son désir empêché de devenir comédienne et sur ses multiples appels à l’aide restés sans réponse, avant de se pendre face caméra. Suicide ou simulacre ? Afin d’élucider ce mystère, Behnaz demande à son ami Jafar Panahi de l’accom- pagner dans le village de montagne où a été localisé l’appel. La rencontre avec les gens du cru est d’abord pour le cinéaste, au volant d’un 4×4 qui est devenu son « décor » préféré, l’occasion d’enchaîner des saynètes drôles, étranges ou truculentes, et même si le cinéaste regarde ses concitoyens avec bienveillance, c’est l’occasion de pointer l’obscurantisme, le patriarcat et les traditions ancestrales.
Dans cet Iran profond, les Trois visages sont trois visages d’actrices, appartenant à trois générations différentes et victimes à des degrés divers de l’oppression ambiante. La plus jeune aspire à devenir comédienne et se filme avec son téléphone portable. La deuxième, Behnaz Jafari, est une comédienne connue et reconnue de tous, y compris aux confins de l’Iran grâce à la télévision. Et enfin la troisième, dont on ne verra pas le visage, Kobra Saeedi, star du cinéma iranien sous le nom de Shahrzad mais bannie des écrans comme de la vie réelle peu après la Révolution de 1979.
Plaidoyer pour l’expression artistique, éloge des actrices en porte-à-faux avec la condition féminine en Iran, ce portrait de groupe traite une fois encore de l’empêchement et de l’entrave. Mais c’est aussi un autoportrait malicieux de l’artiste avec pour enjeu l’affirmation opiniâtre de sa survie en tant qu’homme et en tant qu’artiste.

Sources : Télérama 09 juin 2018. Positif, Cahiers du Cinéma (juin 2018).

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