Lara, 15 ans, veut devenir danseuse professionnelle, elle est prête à tous les sacrifices pour y arriver. Ce projet, qui demande déjà courage et détermination, n’est pas la seule difficulté à laquelle Lara doit faire face : son plus grand malheur en fait, est d’être née dans le corps d’un garçon.

Le premier talent du film est d’éviter les poncifs : le père de Lara, figure paternelle extrêmement bienveillante, soutient totalement son enfant, allant même jusqu’à déménager pour qu’elle puisse s’inscrire dans une école prestigieuse. Le problème de Lara est intérieur et typiquement adolescent : rien ne va assez vite, son corps se transforme trop lentement à son goût, un corps dont toutes les manifestations masculines sont insupportables. Le réalisateur, sans vulgarité ni provocation, montre ce que cela signifie concrètement, y compris les scènes d’humiliation qu’elle subit de la part de ses « amies » danseuses. La souffrance terrible qu’elle doit infliger à ses pieds devient le reflet, la métaphore de son calvaire de ne pas être dans le corps qu’elle considère comme le sien : celui d’une fille. Elle doit supporter chaque jour une préparation physique draconienne pour éliminer tout signe qui la désignerait comme un garçon à ses yeux et aux yeux de ses camarades.

Girl est un film audacieux profondément empathique, jamais emphatique, qui dresse un portrait naturaliste, factuel et cru, d’une adolescente transgenre, nous dévoilant son désarroi, parfois son désespoir sans aucune fausse note. Mais Girl ne serait rien sans la présence à l’écran d’un jeune acteur non-professionnel de 16 ans, Victor Polster, qui étudie la danse dans une école d’Anvers. Extraordinaire de présence et de subtilité, sa prestation dans le rôle de Lara est absolument remarquable.

Sources : les Inrocks (mai 2018) . Utopia (gazette). aVoir-aLire.com.