ASSOCIATION CHALONNAISE POUR LE CINEMA

Amin

lundi 22 octobre 2018

19:30

Invité / Débat

En présence du réalisateur

Résumé : Amin est venu du Sénégal pour travailler en France, il y a neuf ans. Il a laissé au pays sa femme Aïcha et leurs trois enfants. En France, Amin n’a d’autre vie que son travail, d’autres amis que les hommes qui résident au foyer. Un jour, en France, Amin rencontre Gabrielle ...

Pays : France

Année : 2018

Durée : 1h31

Date de sortie en France : 3 octobre 2018

Réalisateur : Philippe Faucon

Scénario : Philippe Faucon, Mustapha Kharmoudi et Yasmina Nini-Faucon

Image : Laurent Fenart

Musique : Amin Bouhafa

Avec : Moustapha Mbengue, Emmanuelle Devos, Marème N'Diaye ...


Fiche
bobine

Philippe Faucon a toujours su porter un regard proche de celui du documentariste sur les figures marginales (Samia) voire invisibles ( Fatima ) avec une distance pertinente et modeste. Au premier abord, Amin est un long métrage d’ordre sociologique puisqu’il est question de portraiturer l’exil : l’exil de ceux qui viennent travailler en France pour soutenir leur famille restée au pays.

Amin, d’origine sénégalaise est un de ceux-là, employé sur un continent, père et mari sur un autre. Il est taiseux, mélancolique, serviable et d’une douceur qui contraste avec sa force herculéenne. Le réalisateur explore ses deux vies avec la même humanité, en décrit les manques et les rigueurs sans céder au mélodrame ou aux démonstrations faciles. D’un côté il y a les chantiers, les contrats précaires à la limite de la légalité, les travailleurs qui se croisent et se réchauffent. De l’autre côté, au pays, il y a une femme Aïcha et trois enfants, qui n’en peuvent plus de l’attendre…Voyage après voyage, jour après jour, Amin se sent captif de son devoir, de ses responsabilités. Entre les différents espaces qu’il habite, il n’y a pas d’air, pas de liberté.

Alors qu’il fait des heures supplémentaires pour creuser une tranchée dans le jardin de Gabrielle, une infirmière divorcée, il répond à la gentillesse qu’elle exprime naturellement. Entre l’exilé et la divorcée, un autre espace s’ouvre, un temps à l’abri des contraintes et des fatalités. Pas de grande passion amoureuse, mais la fusion silencieuse et provisoire, en noir et blanc, de deux solitudes. Le réalisateur les accompagne avec délicatesse, sans faire de bruit, comme s’il voulait saisir sur leurs deux visages, cet instant furtif où le bonheur éclipse la douleur.

Ce film digne et émouvant, chronique sensible de la vie ordinaire d’un travailleur immigré pris entre deux mondes, deux vies, deux femmes, confirme le talent de son réalisateur. Une fois encore avec Amin, Philippe Faucon se distingue par une conception de son art touchant à l’épure et un intérêt toujours renouvelé pour les êtres minorés.

 

Sources : Positif (Octobre 2018) l’Obs,Télérama (6/10).

« Le style du cinéaste est indéfectiblement lié à sa vision du monde. On l’a dit, Philippe Faucon retranche plutôt qu’il n’ajoute. Ce minimalisme formel n’est pas simplement une affaire de goût et d’élégance, il est inséparable de l’éthique politique et sociale du cinéaste. Philippe Faucon montre beaucoup de facettes de ses personnages, certaines vertueuses, sympathiques, d’autres critiquables voire insupportables, mais il n’insiste jamais, ne dit jamais au spectateur «ceci est bien, ou mal». Son style est comportementaliste, exempt de psychologisme: il montre les choses comme elles sont, sans chercher à les expliquer, à les excuser, à les justifier, à les condamner, laissant cette palette d’affects, d’opinions et de jugements au libre arbitre du spectateur. C’est aussi pour cette raison que ses films ne sont jamais « bouclés » par une fin classique qui rassurerait le spectateur en le laissant sortir de la salle avec une issue finale, voire une morale en poche. Presque tous ses films se terminent en pointillé, comme inachevés, laissant la plupart des enjeux grands ouverts et le spectateur sans la moindre certitude sur ce qu’il adviendra ensuite des personnages. Cette façon de faire est extrêmement rare (les producteurs et les argentiers du cinéma mais aussi une grande part du public aiment les histoires qui se terminent clairement) et rend Philippe Faucon extrêmement précieux : son cinéma est un art du questionnement, pas de la réponse, il se fonde sur l’incertitude plutôt que sur les certitudes coulées dans le bronze. Si Philippe Faucon ausculte la liberté toujours à conqué- rir ou à reconquérir, de ses personnages, il fait aussi de nous des spectateurs libres et adultes.»

Serge Kaganski, critique de cinéma

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Soirée spéciale
Invité – Débat

Philippe FAUCON Réalisateur

Philippe Faucon passe sa petite enfance au Maroc et en Algérie où son père est militaire. Il vit en famille les quatre dernières années de la guerre d’indépendance.
Après une maîtrise de lettres obtenue à l’Université d’Aix-en-Provence, il débute comme assistant régisseur sur Mauvais Sang de Leos Carax, Un médecin des Lumières de René Allio, Trois places pour le 26 de Jacques Demy.

Ses 6 premiers films jusqu’à Samia sont produits par Humbert Balsan, et après la disparition de ce dernier en 2005, il crée avec Yasmina Nini-Faucon, sa propre société de production Istiqlal Films.

FIlmographie :

1989 L’Amour Festival de Cannes, Prix Perpective du Cinéma Français. 1992 Sabine Téléfilm Arte.
1994 Muriel fait le désespoir de ses parents. Téléfilm Arte.
1996 Mes Dix-sept ans Téléfilm Arte

Tout n’est pas en noir Court-métrage dans le film collectif L’amour est à réinventer.
1998 Les étrangers Téléfilm Arte.
2000 Samia Festival de Venise, Cinéma du présent.

2002 Grégoire peut mieux faire Téléfilm Arte
2005 La trahison Festival de Toronto.

2008  Dans la vie

D’amour et de Révoltes Série 4×43 min pour Art

2009  Making off Court-métrage.

2012 La désintégration Festival de Venise, sélection officielle, hors compétition

2015  Fatima Festival de Cannes, Quinzaine des réalisateurs

3 César : Meilleur film, meilleure adaptation, meilleur espoir féminin pour Zita Hanrot Prix Louis Delluc du meilleur film
Prix du syndicat français de la Critique du meilleur film

2016  Vivre Court-métrage

2018 Fiertés Série 3×52 min pour Arte

Amin Festival de Cannes, Quinzaine des réalisateurs.

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