Nord de la France. L’usine d’Hervé est délocalisée. Il est le seul ouvrier à s’y résigner car il poursuit un autre destin : devenir pêcheur et transmettre cette passion à son fils. A Tunis où l’usine est relocalisée, Foued, au chômage, pense y trouver un travail, faire soigner sa mère et bâtir des projets avec la fille qu’il aime.
Le réalisateur, qui a vécu plusieurs années dans le Nord de la France, a été frappé par le mode de vie qu’il y a trouvé, semblable à celui de sa ville natale. Tout lui semblait familier : le rapport à la mer, l’horizon limité, l’importance du café ou du bar du coin et les difficultés liées au travail. « De cette proximité ressentie, j’ai pris conscience que les gens se réunissaient davantage en fonction de leur classe sociale que de leur origine géographique. C’est l’un des paris de mon film : montrer la proximité qui existe entre deux mondes qui sont supposés être si loin l’un de l’autre. »
Les trajectoires de Foued et Hervé se ressemblent et se répondent, dans deux mondes où l’individu est seul face à ses difficultés. Il n’y aura pas de rencontre entre eux mais une unité dans leurs parcours, celle des hommes impuissants face aux rouages du système : impossible pour Foued de vivre dignement avec son maigre salaire, impossible pour Hervé de devenir un petit pêcheur indépendant face aux normes administratives et aux réglementations insurmontables. Une unité que l’on retrouve aussi à l’image dans des dégradés de bleus : bleu de travail des ouvriers des deux côtés de la Méditerranée, bleu de l’uniforme de Véronique, femme d’Hervé et agent d’entretien dans une piscine municipale, mais aussi bleu de la mer, cette mer que des milliers d’immigrés rêvent de traverser.
« Interprétés par des comédiens qui jouent avec sobriété, les personnages sont des funambules sur une corde raide. Dans un monde qui les chahute, ils suivent leur ligne de chance. En trouvant le ton juste pour cette comédie tout en retenue, le réalisateur célèbre la quête d’une vie heureuse, contre vents et marées. Et parle avec finesse des désillusions du présent comme de l’utopie jamais vaincue. »
Les Cahiers de l’Orient

Sources : Les Cahiers de l’Orient , hiver 2017 – Site : www.Senscritique.com