Inspiré du roman éponyme du jeune romancier américain Justin Torres, We The Animals propose un scénario tout en montagnes russes, avec peu de paroles mais beaucoup de rebonds, de cris et de chuchotements. Dans le nord de l’État de New York, trois frères, Jonas, Manny et Joël vivent en famille dans des conditions misérables. Ils ont presque la même taille, et se ressemblent comme trois gouttes d’eau : cheveux ras, teint basané… Quotidiennement, ils voient la relation entre leurs parents se dégrader en dépit de leurs tentatives de réconciliation. Tous les soirs, lorsque plus rien ne bouge dans la
modeste maisonnée, le plus jeune, Jonah, ouvre en cachette le journal intime qu’il cache sous son lit. Il y retranscrit ce qu’il a vécu sous forme d’une bande dessinée pleine de poésie, de fougue et de rage contenues, qui l’aide à extérioriser ses sentiments, à dominer et à expulser la violence accumulée.
Et de la violence, dans son entourage, ce n’est pas cela qui manque. Paps, le père, et Ma, la mère, ont une relation que l’on qualifierait d’orageuse, toujours prompts à se déchirer, à hurler, à claquer des portes… Et ils mettent la même ardeur à se rabibocher… Face à l’immaturité de leurs parents, les trois gamins ont appris la débrouille, à se tenir chaud mutuellement, et quand ça barde vraiment, ils entonnent une litanie connue d’eux seuls : « Nous famille, corps chaud, corps chaud, corps chaud »… un véritable rituel intime pour se rassurer, le temps que la tempête s’éloigne une fois encore, le temps d’attendre la prochaine… Encore petits, et déjà fatalistes.
We The Animals est un très beau regard sur l’enfance malmenée qui construit une sorte de résilience, de rempart imaginaire pour se protéger, et le propos a une subtilité qui touche à l’universel. La grande force du film repose aussi sur les épaules des jeunes acteurs, en particulier Evan Rosado qui interprète Jonah. Juste et poignant, le scénario est parcouru par ce souffle vivifiant propre à l’enfance, qui lui donne un charme bouleversant.

Sources: Gazette Utopia Montpellier. À voir-alire.fr.