Les étendues imaginaires
jeudi 16 mai 2019
19:00 et 21:00
Résumé : Singapour gagne chaque année plusieurs mètres sur l’océan en important des tonnes de sable des pays voisins – ainsi que de la main d’oeuvre bon marché. Dans un chantier d’aménagement du littoral, l’inspecteur de police Lok enquête sur la disparition d’un ouvrier chinois, Wang, jusqu’alors chargé de transporter des ouvriers. Après des jours de recherches, toutes les pistes amènent Lok dans un mystérieux cybercafé nocturne.
Pays : Singapour
Année : 2019
Durée : 1h35
Version : VOST
Titre original : A Land Imagined
Date de sortie en France : 6 mars 2019
Réalisateur : Siew Hua Yeo
Scénario : Siew Hua Yeo
Image : Hideho Urata
Musique : Wei Yong Teo
Avec : Peter Yu, Xiaoyi Liu, Yue Guo...
Fiche
bobine
Ce beau titre nous transporte très loin, à Singapour, dans la mer de Chine vers un territoire artificiel conquis sur la mer, devenu aujourd’hui un centre économique mondial. Cette île est une folle utopie aux accents de science-fiction avec des étendues de sable blanc ou gris, surplombées de machines extraordinaires semblant fonctionner toutes seules. Au crépuscule, ce paysage se transforme en un lieu étrange où, à la périphérie, vivent les ouvriers immigrés exploités. C’est là, dans une atmosphère de nuit urbaine, que l’inspecteur Lok, personnage sensible et humain va, peu à peu, s’immiscer dans la vie et la personnalité d’un jeune travailleur chinois afin d’élucider l’énigme de sa disparition.
A première vue, Les Étendues imaginaires réunit tous les éléments du film policier urbain. Mais il s’agit d’un polar particulièrement élégant où les situations les plus sordides se retrouvent noyées dans l’étonnante lumière rose des néons. Très vite, la construction du récit surprend. Un long flash-back nous fait découvrir le passé de l’ouvrier recherché puis un rêve du policier nous emmène dans une nouvelle direction. On pense à Mulholland Drive, le chef d’œuvre de Lynch. Est-on dans la réalité ouverte de façon inappropriée ou bien est-on dans l’imagination du policier ? Qui rêve de qui ? Qui fantasme quoi ? Où est la vérité dans ce territoire éphémère, sans frontière géographique ou historique fixe ?
Les Étendues imaginaires superpose les niveaux de lecture avec une dextérité et une aisance remarquables. Le film peut se voir et s’apprécier comme un polar nerveux et réussi, comme un témoignage social sans concessions sur les conditions de vie des immigrés soumis à la corruption et à la violence, ou encore comme une métaphore de la solitude urbaine, voire comme un excitant jeu de miroirs narratif.Et, en filigrane de chacune de ces pistes, il y a cette
passionnante topographie d’un monde presque ‘‘imaginé’’.
Ce premier long métrage de Yeo Siew Hua fait preuve d’une ambition et d’une richesse sidérantes, bouclé par un épilogue magnifique proche de la transe.
Si on se laisse entraîner, cette subtile expérience est indéniablement fascinante.
Sources : Lepolyester.com, Critikat.com, Avoir-alire.com, Culturepoing.com, Ecranlarge.com, Jeune Cinéma n°392-393