ASSOCIATION CHALONNAISE POUR LE CINEMA

Dieu existe, son nom est Petrunya

jeudi 13 juin 2019

19:00 et 21:00

Résumé : Petrunya n’arrive pas à trouver de travail dans son village de Macédoine. Après un nouvel entretien humiliant, elle croise une procession, suivie de jeunes hommes qui n’attendent qu’une chose : que le prêtre jette la Sainte Croix à l’eau, pour être le premier à la récupérer. La jeune femme plonge alors et s’en empare, provoquant le scandale, cette tradition étant réservée aux hommes… Dénonçant l’intimidation, le chantage, l’emprise de la religion dans la vie quotidienne, le film prône une colère « légale » salvatrice qui fait beaucoup de bien.

Pays : Macédoine

Année : 2019

Durée : 1h40

Version : VOST

Titre original : Gospod postoi, imeto i' e Petrunija

Date de sortie en France : 13 juin 2019

Réalisateur : Teona Strugar Mitevska

Scénario : Teona Strugar Mitevska, Elma Tataragic

Image : Virginie Saint-Martin

Avec : Zorica Nusheva, Labina Mitevska ...


Fiche
bobine

A Stip, petite ville de Macédoine, comme dans plusieurs pays de l’Europe de l’Est, un rituel local veut qu’à la fonte des neiges, le pope jette dans la rivière une croix de bois que les jeunes gens se disputent dans l’eau glacée. Celui qui l’attrape devient une célébrité locale et se voit promettre amour et prospérité par les autorités religieuses. Quand Petrunya se jette à l’eau sans y penser et récupère la Sainte Croix, c’est un scandale sans précédent qui éclabousse la ville. Il est impensable qu’une femme ait pris possession de l’objet sacré, pire qu’elle refuse de le restituer…
Si l’histoire semble cocasse, elle est pourtant inspirée de faits réels : en 2014, une jeune femme a fait fi de la tradition pour s’emparer de la croix et a dû faire face à la vindicte populaire. D’un point de vue strictement juridique, elle n’a bien sûr enfreint aucune loi mais il s’est formé contre elle un front aussi divers qu’uni.
Dans Dieu existe, son nom est Petrunya, la croix, objet de toutes les convoitises, met l’héroïne en danger mais la munit aussi d’un pouvoir bien réel : elle lui donne celui de lutter, résister, s’exprimer et exister. Elle la contraint à sortir de son mutisme et son indifférence affichée. Petrunya est une indésirable qui s’accroche à cette nouvelle possession à la fois sublime et dérisoire qui la révèle à elle-même.
Le cinquième long métrage de Teona Strugar Mitevska, cinéaste macédonienne inconnue en France, bien que lauréate de nombreux prix obtenus lors de festivals, est sans contexte féministe. A travers les situations ubuesques que le geste simple et spontané de Petrunya a engendrées, le film pointe du doigt un
patriarcat et une tradition religieuse étouffants. Il fait aussi la part belle aux femmes à travers le portrait de son héroïne incarnée par la comédienne de théâtre comique Zorica Nusheva. Ses mines et sa « force tranquille » cristallisent tout le désarroi de ces femmes qui, ici ou ailleurs, ne savent plus comment se libérer du machisme, de l’intolérance, du patriarcat, mais qui malgré tout ne se laissent pas faire.

Sources : Libération du 29 avril 2019, Dossier de presse – Positif mai 2019

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