Retour sur la soirée : article paru le 25/10/2019 sur Info Chalon
Résumé : Ricky, Abby et leurs deux enfants vivent à Newcastle. Leur famille est soudée et les parents travaillent dur. Alors qu’Abby travaille avec dévouement pour des personnes âgées à domicile, Ricky enchaîne les jobs mal payés ; ils réalisent que jamais ils ne pourront devenir indépendants ni propriétaires de leur maison. C’est maintenant ou jamais ! Une réelle opportunité semble leur être offerte par la révolution numérique : Abby vend alors sa voiture pour que Ricky puisse acheter une camionnette afin de devenir chauffeur-livreur à son compte. Mais les dérives de ce nouveau monde moderne auront des répercussions majeures sur toute la famille…
Pays : Royaume-Uni
Année : 2019
Durée : 1h41
Version : VOST
Date de sortie en France : 23 octobre 2019
Réalisateur : Ken Loach
Scénario : Paul Laverty
Image : Robbie Ryan
Musique : George Fenton
Avec : Kris Hitchen, Debbie Honeywood, Rhys Stone ...
Fiche
bobine
Ricky et Abbie, un couple modeste, tentent de survivre tant bien que mal depuis la crise financière de 2008. Quand le patron d’une plate-forme de livraison lui explique qu’il suffit d’acheter une camionnette pour renouer avec la prospérité, Ricky voit l’opportunité et la possibilité de gérer une franchise de chauffeur- livreur indépendant. Certes, il ne devra pas ménager ses efforts, son épouse aide-soignante non plus. La famille sera mise à rude épreuve pour rester soudée et garder la tête hors de l’eau.
Depuis ses débuts dans les années 60, Ken Loach ausculte notre société capitaliste et en dénonce les règles qui rendent la vie des travailleurs toujours plus insupportable. Après avoir décrit la dissolution de la solidarité ouvrière, l’incapacité de la jeunesse à s’intégrer dans un monde toujours plus égoïste et la substitution des illusions consuméristes aux utopies collectives, il
prend acte, avec Sorry, we missed you, de la dernière étape du processus de désintégration de la société, l’ubérisation inflexible, qui dédouane les patrons et asservit les employés. Il insiste sur
les dégâts collatéraux qu’elle engendre au sein d’une famille endettée de Newcastle.
Face à ce témoignage implacable sur notre époque et le cynisme absolu qui plonge les plus démunis dans une nuit sans fin, le spectateur ne peut que s’interroger devant ces nouvelles formes d’exploitation. Pour Ken Loach, la désintégration de cette famille, filmée avec une poésie bouleversante et quelques traits d’humour est bien la conséquence de la précarité dans laquelle
sont maintenus tous ses membres.
Sans atteindre la virulence politique de It’s a free world ou la délicatesse de Sweet Sixteen, le cinéaste de 82 ans, humaniste engagé, signe une œuvre touchante qui allie des thématiques
universelles à un contexte parfaitement contemporain.
Sources: Revue Jeune Cinéma / dossier de presse /avoir-alire.com