Pays de l’ancien bloc soviétique, la Géorgie est une terre pittoresque avec ses maisons de bois, ses montagnes somptueuses, ses villages de centenaires, ses chants polyphoniques et ses danses traditionnelles, mais on n’y tergiverse pas sur la question du genre. Les hommes se doivent d’être virils et les femmes délicates. Malheur aux hommes fragiles !
Dans le Tbilissi d’aujourd’hui où les familles peinent à joindre les deux bouts, Mérab et son frère sont danseurs dans une troupe amateur, leur ambition est d’entrer dans le Ballet National pour avoir enfin un salaire correct. Les jeunes aspirants s’entraînent sur le parquet de tous les espoirs où ils se torturent les pointes et les orteils. On est immédiatement subjugué par la chorégraphie et la gestuelle si singulière faite de virtuosité et de rigueur martiale.
Une audition se prépare. Un nouvel élève arrive, Irakli, dont le pouvoir d’attraction et les qualités professionnelles représentent un double danger pour Mérab dans un pays où l’homosexualité est supposée ne pas exister et où pourtant l’homophobie pèse lourdement.
Levan Akin, cinéaste suédois, d’origine géorgienne, nous propose donc l’histoire d’un interdit amoureux et gestuel qui montre l’aspiration à la liberté et à la fête, mais aussi à la sexualité, d’une jeunesse étouffée par la précarité et le manque d’argent mais aussi par le carcan social et religieux.
Le fils modèle qui travaillait dur pour rapporter l’argent et danser mieux qu’un autre va changer de valeurs et découvrir l’essence de son art qu’il nous offre dans un dernier solo éblouissant…

Sources : Le Figaro, Libération, Télérama, 6 novembre 2019, Utopia novembre 2019