On retrouve dans Le Photographe toute la finesse d’esprit et la délicatesse de The Lunchbox, premier film du réalisateur indien Ritesh Batra. L’histoire commence à Bombay au pied de la Grande Porte où Rafi est photographe de rue. Avec les mêmes boniments que les vendeurs de colifichets ou de cartes postales, il tente de convaincre le chaland qui passe de prendre la pose sous la porte monumentale. C’est là qu’il photographie une belle jeune femme au teint clair qui s’esquive sans lui donner son nom.
Le soir, après avoir récolté quelques roupies, il retrouve ses compagnons de chambrée, tous esseulés, venus à la ville, non pas pour conquérir la richesse, mais simplement le nécessaire pour vivre et faire vivre leur famille restée à la campagne. Rafi est le seul à ne pas être marié, au grand dam de sa grand-mère qui débarque à Bombay avec la ferme intention de lui trouver une épouse. Il décide alors de se mettre en quête de la jeune femme anonyme de la photographie pour lui demander un petit service…
La jeune femme qu’il retrouve se prénomme Miloni, et bien qu’ils ne soient pas faits pour se rencontrer, elle accepte de bonne grâce le service qu’il lui demande. Dans une société indienne cloisonnée, tout les oppose: lui, la peau sombre, elle, le teint diaphane, lui, sans un sou, elle, de milieu aisé, lui, sans espoir d’avenir, elle, promise à une carrière assurée par des études universitaires…
Cette situation est prétexte à une analyse subtile d’une société indienne en mutation, toujours empêtrée dans des valeurs passées, en perpétuel décalage avec les attentes du monde moderne.
Le Photographe, remarquablement interprété – des acteurs principaux aux titulaires des plus petits rôles – tire le portrait de deux personnages qui s’extraient de leur monde et tentent de réduire le gouffre qui sépare les classes sociales. Mais bien plus encore que le portrait de deux personnages, c’est celui de tout un pays que le réalisateur esquisse.

Sources : Utopia Gazette. Dossier de presse.