Dessinateur reporter, Mathieu Sapin connaît la politique telle qu’elle se pratique en France : il a couvert l’arrivée de François Hollande à l’Elysée en 2012 dans Campagne présidentielle, a observé assez longtemps le mandat de ce dernier pour en tirer un second volume, Le Château. Il fait de cette expérience la matière de son premier long métrage.
Le scénario est très simple : Arnaud Jaurès apporte son concours à des « démocrates » de fiction. Passant des mains moites d’un petit apparatchik libidineux (Philippe Katerine, qui perpétue la tradition des seconds rôles spectaculaires du cinéma français, de Jules Berry à Dominique Zardi) aux griffes manucurées de la directrice de communication d’une candidate à la primaire, Arnaud se voit enseigner le b.a.-ba du mensonge institutionnel, de la communication à sens unique, pour passer très vite au niveau supérieur : trahisons et compromis.
Le film de Mathieu Sapin se régale à brocarder un monde politique régi par l’hypocrisie, la soif de pouvoir et le cynisme dévorant. A travers le regard de ce jeune naïf parachuté chez les requins, Mathieu Sapin s’amuse comme un fou à railler ce petit microcosme aux dents longues, sans jamais faire preuve de méchanceté pour éviter de s’empêtrer dans des clichés faciles. Ainsi, son film ne prête jamais le flanc à la polémique car Sapin ne caricature pas et ne rentre pas dans le débat d’idées. Avec une délicieuse pointe d’ironie bien sentie, Le poulain s’impose comme un divertissement réussi, qui n’a cependant ni la férocité ni la puissance iconoclaste des comédies italiennes des années1970.
Alexandra Lamy est épatante, dans le rôle d’une candidate célibataire obsédé par le regard maternel (porté par Brigitte Roüan), Gilles Cohen fait une création inattendue. Mais, de toute évidence, Mathieu Sapin veut faire croire à la justesse de cette peinture, comme en témoigne la présence, dans un second rôle, de Gaspard Gantzer, qui fut conseiller à la communication de François Hollande de 2014 à 2017. Cette intrusion d’un petit morceau de réalité politique parachève la sensation de désenchantement absolu qui flotte sur Le Poulain.

Sources : Le monde du 19 septembre 2018, Mondociné.net

Le réalisateur Mathieu SAPIN

Né à Dijon, Mathieu Sapin entre aux Arts décos de Strasbourg, où il crée, pour un petit magazine de l’école, Supermurgeman, qui devient son personnage fétiche.
Puis il intègre le CNBDI d’Angoulême, où il s’occupe d’ateliers pour enfants. Illustrateur pour la jeunesse, il travaille pour Bayard, Nathan et Bréal. Ensuite, mélangeant allègrement les genres et les casquettes, il multiplie les expériences éditoriales et reste, avec une quarantaine de livres à son actif, l’un des auteurs les plus insaisissables de sa génération. Aucun style n’effraie celui qui partagea l’atelier de la Société nationale de bande dessinée avec Christophe Blain, Riad Sattouf et Joann Sfar.
Sur les conseils de Lewis Trondheim, il ajoute une nouvelle corde à son arc, celle du reportage dessiné — que ce soit sur le making of du film Gainsbourg, une vie héroïque (« Feuille de chou », 2010) ou sur les coulisses de Libération (« Journal d’un journal », 2011)
En parallèle, ce prolifique auteur tourne dans un documentaire sur le Caucase aux côtés de Gérard Depardieu. De cette expérience, sortira un album en 2017 Gérard, 5 années dans les pattes de Depardieu.
Il suit la campagne de François Hollande lors des présidentielles de 2012 Campagne présidentielle puis ses premiers pas à l’Élysée dans Le Château et collabore activement à la revue Zadig dès sa création.
En 2018, Supermurgeman fait son grand retour dans une nouvelle aventure intitulée Opération Sheila.
Mathieu Sapin est également le réalisateur (avec Charlotte Le Bon) d’un court métrage Vengeance et terre battue (2014) et d’une comédie sur le milieu de la politique, Le Poulain (2018). La même année, l’auteur est lui-même le personnage principal du film documentaire Macadam popcorn de JeanPierre Pozzi qui évoque le travail des salles de cinéma d’Art et essai ( juin 2017).

Ventes dédicacées des albums de Mathieu Sapin , avant et après la projection

le comédien Gilles COHEN

C’est au collège que commence la belle histoire d’amour entre Gilles Cohen et la comédie. Sous la férule de son professeur de lettres, il participe à un atelier de théâtre et joue chaque année une pièce de Molière. Il découvre également les coulisses d’un tournage en devenant figurant en 1978 sur La clé sur la porte d’Yves Boisset. Le film tourné dans son établissement scolaire lui permet d’incarner un élève d’Annie Girardot.
Son bac en poche, Gilles Cohen intègre le cours Florent et apprend les subtilités du métier de comédien aux côtés notamment de Francis Huster, l’un de ses professeurs.  C’est d’ailleurs grâce à ce dernier qu’il monte pour la première fois sur scène pour jouer Le Cid avec Jean Marais et Jean-Louis Barrault. Après un stage avec Maurice Bénichou  où il découvre le «  théâtre d’impro  », Gilles Cohen souhaite se lancer dans la mise en scène. Francis Huster lui en offre l’occasion avec Les Intimités d’un séminariste d’Arthur Rimbaud au théâtre du Rond-Point. A 23 ans, Gilles signe ainsi sa première mise en scène professionnelle.
« En devenant metteur en scène, j’ai décidé d’arrêter de jouer alors que j’aurais pu continuer à mener les deux de front. Je voulais monter les spectacles dont j’avais envie tout de suite. Très tôt, j’ai senti que j’avais le sens du casting et que la mise en scène me permettait aussi d’aborder le théâtre en des termes très concrets qui faisaient sans cesse appel à mon sens pratique ».
Reconnu au théâtre, Gilles Cohen fait ses premiers pas au cinéma en 1985 dans  Parking  de Jacques Demy. Mais il ne commence véritablement sa carrière cinématographique qu’en 2005 quand Arnaud Desplechin lui propose un petit rôle dans Rois et reine. Il enchaîne avec De battre mon coeur s’est arrêté de Jacques Audiard. Depuis cette date, Gilles a tourné dans près de 35 films. Il est apparu à la télévision dans plusieurs téléfilms. Il est également l’interprète de moule à gaufres dans la série Le bureau des légendes considérée comme l’une des meilleures séries françaises.
Cette intense activité cinématographique ne l’a cependant pas empêché de continuer la mise en scène comme le prouve sa dernière pièce Mon diner avec Winston vue en novembre dernier à l’Espace des Arts.
Nous aurons le plaisir de retrouver Gilles Cohen, venu en septembre 2013 nous présenter Crawl de Hervé Lasgouttes, à l’occasion de la création théâtrale de Hughie d’Eugène O’Neill, à l’Espace des Arts.

Sources : première.fr, wikipedia.fr, gillescohen.fr