Monos
lundi 30 mars 2020
19:00 et 21:00
Résumé : Dans ce qui ressemble à un camp de vacances isolé au sommet des montagnes colombiennes, des adolescents, tous armés, sont en réalité chargés de veiller à ce que Doctora, une otage américaine, reste en vie. Mais quand ils tuent accidentellement la vache prêtée par les paysans du coin, et que l'armée régulière se rapproche, l'heure n'est plus au jeu mais à la fuite dans la jungle...
Pays : Colombie / Brésil
Année : 2020
Durée : 1h42
Version : VOST
Date de sortie en France : 4 mars 2020
Réalisateur : Alejandro Landes
Scénario : Alejandro Landes et Alexis Dos Santos
Image : Jasper Wolf
Musique : Mica Levi
Avec : Sofia Buenaventura, Julian Giraldon Karen Quintiro, Julianne Nicholson, ...
Fiche
bobine
Ça se passe aujourd’hui. Ou peut-être demain. Au sommet d’une montagne prise dans les nuages et dans laquelle est fiché un bunker post – apocalyptique. A moins qu’il ne s’agisse de ruines anciennes ou des restes d’un village. Plus bas, une jungle. La Colombie, probablement. Mais ce n’est pas certain. Des enfants jouent à la guerre. Sauf qu’ils ne jouent pas vraiment.
Une guerre fait effectivement rage, au loin. Elle résonne dans la radio, puis se rapproche, menaçante, furieuse. Qui se bat ? On l’ignore. Mais ces ados s’entraînent, arme à la main, hurlant comme des bêtes sauvages, sous les ordres d’un nain bodybuildé. Au milieu, une otage américaine. Et une vache précieuse.
Sortant du schéma classique des récits balisés qui exposent avec clarté et concluent en apportant toutes les réponses, Monos est avant tout une expérience sensorielle. Les questions habituelles : Qui ? Pourquoi ? Où ? Comment ? n’ont pas leur place ici ; chercher à anticiper, espérer obtenir les clés, attendre une explication, relève de la vaine entreprise. Et ça n’a rien de frustrant. Il s’agit de se laisser porter par la splendeur surnaturelle des décors naturels, magnifiés par une mise en scène aussi sobre qu’impressionnante. Combinant réalisation virtuose, acteurs non professionnels bouleversants, musique et Sound design extrêmement originaux de la compositrice Mica Levi et la photographie somptueuse de la superbe nature colombienne, on a affaire à un film déroutant, qui convoque Sa Majesté des mouches, Andreï Tarkovski et Apocalypse Now dans un voyage au cœur des ténèbres.
Allégorie puissante, œuvre inclassable d’une spectaculaire beauté plastique, ce film dessine le portrait d’une jeunesse intemporelle qui résonne avec notre présent, le portrait puissant et éprouvant d’une jeunesse abîmée, abandonnée, et qui se désagrège devant nos yeux. Monos fait partie de ces films rares qui laissent une impression durable sans pour autant qu’on en saisisse véritablement le sens. Comme une persistance rétinienne, un poème visuel brutal, qui fascine et foudroie en s’adressant aux tripes du spectateur.
Sources : Alexandre Agnes dans senscritique.fr, Libération 17/02/19, Lepolyester.com