Hotel by the River

lundi 14 septembre 2020

19:00 et 21:00

Résumé : Un vieux poète, qui loge dans un hôtel au bord d’une rivière, fait venir ses deux fils, pensant que sa fin est proche. Lieu de retrouvailles familiales, l’hôtel est aussi celui d’un désespoir amoureux : une jeune femme trahie par l’homme avec qui elle vivait vient y trouver refuge et demande à une amie de la rejoindre… Tournée dans un noir et blanc soyeux et presque tendre, cette œuvre mélancolique et hivernale devient un grand film existentiel grâce à la magie de Hong Sang-soo.

Pays : Sud-Corée

Année : 2020

Durée : 1h36

Version : VOST

Titre original : Gangbyeon hotel

Date de sortie en France : 29 juillet 2020

Réalisateur : Hong Sang-soo

Scénario : Hong Sang-soo

Image : Hyung Koo Kim

Avec : Ki Joo-bong, Min-Hee Kim, Hae-hyo Kwon


Fiche
bobine

Dans un dispositif en apparence très simple, dans et autour d’un hôtel presque désert, deux conversations ont lieu : l’une entre un poète vieillissant qui a donné rendez-vous à ses deux fils, l’autre entre une jeune femme qui tente de se remettre d’une rupture douloureuse et une amie compatissante.
Le film va flotter entre ces deux temps, ces deux pôles, ces deux possibles, entre un duo féminin en rémission sentimentale et un trio masculin en panne de communication. Illustrant ces difficultés, en arrière-plan, une rivière gelée, couverte de neige, comme une page immaculée n’attendant plus rien comme geste créateur. Même les verres des tables reflètent cette blancheur qui ne dit plus rien.
Cette impossibilité à communiquer, Hong Sang-soo va avoir le bon goût de l’illustrer subtilement par son visuel, en exploitant symétries et rencontres. Les personnages se font écho par ressemblance ou par opposition. Ainsi, les deux filles se retrouvent dans l’intimité d’une chambre autour d’un café. Dans le plan suivant, le vieux poète refuse le café offert par son fils en insistant poliment pour le retrouver dans le hall de l’hôtel.
Une incommunicabilité qui transpire même lors des séquences dialoguées : on monologue, on parle à travers une vitre, on regarde l’autre dans une indifférence polie.
Avec ce nouveau film, tourné dans un noir et blanc soyeux et presque tendre, Hong Sang-soo donne une inflexion plus grave à son cinéma de badinage faussement léger entre les hommes et les femmes. Bien sûr, les admirateurs retrouveront les longs dialogues qui serpentent et scintillent souvent d’éclats de profondeur ou les scènes de repas copieusement arrosés ! Mais, c’est aussi une élégie sur la neige qui fait entendre, pour la première fois, à travers des notes mélancoliques étouffées, comme un prélude à l’acceptation de la mort qui vient et à l’enterrement des amours qui meurent.
L’hôtel du film existe réellement et s’appelle « Heimat » (le pays, la maison, le chez-soi en allemand). Hôtel Terminus ? Hôtel du retour au bercail ? Ce n’est sans doute pas un hasard lorsqu’on suit la carrière du « Rohmer coréen ».

 

Sources : Le Canard Enchaîné, La Croix 29 juillet 2020.

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