Maternal : mot espagnol qui désigne aussi bien la maternité que l’adjectif maternel. C’est aussi le dernier film de la réalisatrice italienne Maura Delpero, tourné en Argentine dans un hogar, autre mot espagnol signifiant foyer. Il s’agit ici, en l’occurrence, d’un couvent italien tenu par des religieuses et accueillant de très jeunes mères célibataires et mineures. Lieu paradoxal de refuge et de confinement, cet établissement de Buenos Aires, la capitale d’un pays où l’avortement demeure illégal, les reçoit en échange de leur obéissance aux règles du lieu, notamment l’enfermement et l’engagement à donner une éducation religieuse aux enfants.

Luciana et Fatima sont deux mères adolescentes qui vivent dans ce foyer lorsque Sœur Paola arrive d’Italie comme novice et s’apprête à prononcer ses vœux définitifs. Paola vit une période de doutes, et la maternité de ces toutes jeunes filles va la confronter à des situations délicates et à des sentiments contradictoires.
C’est notamment le cas lorsque Luciana est déchirée entre le désir d’élever son enfant et celui d’échapper à l’institution pour rejoindre son ami.
Maura Delpero s’est intégrée dans la vie de plusieurs de ces foyers pendant 4 ans, immersion autorisée par ses fonctions d’enseignante. Elle a imaginé le scénario devant l’image émouvante d’une jeune sœur tenant dans ses bras le bébé d’une tout aussi jeune maman célibataire. Elle signe ici son premier long métrage de fiction, après plusieurs documentaires couronnés de différents prix. Le film est tourné en huis clos dans le couvent, et construit sur une ligne de crête entre fiction et documentaire. S’il met en scène de grandes actrices de théâtre, les deux adolescentes sont interprétées par des actrices non professionnelles, l’une d’elles ayant d’ailleurs vécu l’expérience de la vie en foyer.
Militante en faveur de la légalisation de l’avortement, Maura Delpero ne le clame pas à l’écran, mais laisse le lecteur le lire entre les lignes. Elle signe ici un beau film qui explore avec finesse la dynamique entre les trois jeunes femmes, leurs luttes intérieures entre désir et responsabilité, entre deux vocations, entre deux amours. Elle questionne avec subtilité la maternité adolescente et les sentiments contradictoires qu’elle engendre, confrontant cette expérience précoce à la maternité absente chez les religieuses.

Sources : Dossier de presse