Le jour de ses 60 ans, Lara Jenkins, après avoir absorbé son cocktail matinal favori composé d’un thé et d’une cigarette, s’apprête à sauter par la fenêtre…
Ce même jour, son fils, virtuose du piano, donne son premier concert en tant que compositeur. Ce fils, dont elle fut l’implacable professeure, s’obstine à ne pas répondre à ses appels et ne l’a apparemment pas invitée à ce prestigieux concert. Résolue à s’y rendre, elle décide de prendre en main les festivités, en achetant les vingt-deux tickets restants. Mais elle ne voit pas à qui offrir ces tickets ?
Tout cela fleure une solitude latente encore non déclarée, un vide vertigineux qu’il faudrait vite combler. Tout semble alors s’enchaîner de façon  oppressante, voire hystérique, dans une ultime tentative de ne pas affronter lucidement la vérité et les mensonges qu’on s’est racontés…Ces 24 heures de la vie d’une femme sont autant de moments dans la vie d’une mère incomprise, d’une fille traumatisée, d’une épouse abandonnée et d’une artiste frustrée.
L’interprète principale, l’extraordinaire Corinna Harfouch, est un abîme de souffrance. A travers son corps tout en rigidité, son sourire crispé et son regard sombre, s’exprime toute la violence des rapports parents-enfants, la douleur que l’on peut dire et celle que l’on doit taire, les rendez-vous manqués, l’amour que l’on ressent sans être en mesure de l’exprimer.
Et pourtant, loin du pessimisme attendu, le film cultive la générosité de l’interprétation et de la mise en scène plutôt que l’austérité et la complaisance. Le réalisateur glisse au cœur de chaque plan un imperceptible geste trahissant l’état émotionnel complexe de ses personnages. La révélation bouleversante à la fin du film, achève d’en faire une œuvre surprenante et réjouissante.

Sources : Télérama et L’Humanité, 26 février 2020. Les Inrockuptibles, 21 février 2020. Première, février 2020.