Michel-Ange
jeudi 20 mai 2021
15:00 et 18:00
Résumé : Michel Ange à travers les moments d’ angoisse et d’extase de son génie créatif, tandis que deux familles nobles rivales se disputent sa loyauté.
Pays : Italie / Russie
Année : 2020
Durée : 2h14
Version : VOST
Titre original : Il peccato
Date de sortie en France : 21 octobre 2020
Réalisateur : Andreï Konchalovsky
Scénario : Andreï Konchalovsky, Elena Kiseleva
Image : Aleksandr Simonov
Musique : Eduard Artemev
Avec : Alberto Testone, Diehl, Yuliya Vysotskaya, Adriano Chiaramida...
Fiche
bobine
Dans l’Italie du XVIe siècle, Michel-Ange termine le plafond de la chapelle Sixtine commandé par le pape de la famille Della Rovere. Quand celui-ci meurt, les Médicis prennent la tête du Vatican. Pour conserver les faveurs des deux familles rivales, Michel-Ange cherche à mener de front le tombeau du défunt pape et la façade de la basilique San Lorenzo.
D’emblée, le film nous immerge dans l’Italie de la Renaissance, non pas celle propre et policée des belles demeures et somptueux palais mais celle de la Renaissance crasseuse et pestilentielle desruelles boueuses et des sombres tavernes. Le dépaysement esttotal : ça grouille, ça gueule, ça boit et ça se castagne. Emerge ainsi un Michel-Ange loin de l’image d’Épinal ou, tout au moins
loin, très loin du visage posé aux yeux doux des portraits de Daniele da Volterra. Nous découvrons ici un homme aux traits durs, au visage tourmenté, la chevelure en bataille et surtout un homme atrabilaire et roublard. Konchalovsky s’écarte de la fiction idéalisée comme pouvait s’écarter le Pasolini de L’évangile selon Saint-Mathieu.
Ici l’artiste est en proie au désarroi et aux hallucinations, l’esprit habité par des démons. Et, dans ce monde grossier et brutal, il va dépister et piéger l’élégance des courbes corporelles et la délicatesse des mouvements. C’est superbe ! En véritable artiste lui-même, Konchalovsky soigne l’image et la lumière, le cadrage et la bande-son. Il y a dans son film de fabuleux passages et de somptueux paysages. La Toscane est là dans toute sa splendeur
et puis Rome et Florence, sans oublier l’impressionnant décor des carrières de marbre blanc, « blanc comme du sucre » nous dit Michelangelo.
Certaines scènes prennent une dimension “film à grand spectacle” : la séquence de l’extraction du “monstre” de pierre et son acheminement par bœufs attelés est un grand moment comme l’était l’improbable transport du bateau de Fitzcarraldo dans le film de Werner Herzog.
En résumé, pour paraphraser un propos du film, sans doute ne trouvons-nous pas Dieu dans ces images mais nous y trouvons l’Homme.
Texte : Jean-Luc – La bobine – 26 mars 2020